
Le contrôleur général des lieux de privation de liberté a remis mercredi son deuxième rapport annuel, où il pointe une déshumanisation des nouveaux établissements pénitentiaires qui devraient accueillir selon lui 200 détenus maximum, contre les 700 annoncés par Alliot-Marie.
Le constat est alarmant. Le contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, s'est déclaré mercredi «très pessimiste» sur les nouvelles prisons. Leur conception est, selon lui, de nature à favoriser une hausse de l'agressivité et de la violence.
«Nous avons envoyé en simultané trois équipes différentes dans des établissements qui ont ouvert au cours de l'année 2009, a expliqué mercredi Jean-Marie Delarue, en présentant son deuxième rapport annuel. Nous sommes tous revenus très pessimistes sur la manière dont ont été conçues ces prisons et sur leur devenir».
«On a tout sacrifié à la sécurité dans ces prisons et on a oublié le reste, a-t-il constaté. Notamment les nécessaires relations humaines qui doivent exister.» Et d'ajouter : «On a multiplié le béton, les grilles de séparation dans la prison, à tel point qu'entre le tiers et le quart des détenus se rendant à un rendez-vous médical ou une activité (socio-culturelle, travail, etc, NDLR) n'arrivent jamais à destination». Les prisonniers seraient en effet obligés de rebrousser chemin, l'heure de leur rendez-vous étant dépassée.
Une détérioration des relations humaines
«Il y a dans ces prisons une multiplication des frustrations, et par conséquent un accroissement inévitable de l'agressivité», engendrant «violence contre soi et contre autrui», a mis en garde le contrôleur général, en citant les vitres sans tain des postes de surveillance qui jalonnent les couloirs. Des éléments qui contribuent à une «détérioration des relations humaines.»
«Il faut revoir très sérieusement la conception» des futurs établissements et réduire leur dimension, a-t-il conclu, tout en souhaitant des prisons avec «150 à 200 détenus» maximum. Un chiffre au-delà duquel «la relation entre détenus et surveillants se perd», écrit-il dans son rapport.
La ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, avait de son côté indiqué en janvier que les futurs établissements auraient une capacité de 700 places, et non 1.000 comme initialement prévue. La maison d'arrêt de La Santé à Paris doit quant à elle compter 1.000 places au lieu de 1.400. Dix-huit établissements nouveaux doivent ouvrir d'ici 2017, dont 11 d'ici fin 2015, afin de remplacer les prisons les plus vétustes.
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