En Iran, le jet de pierre mène à l’échafaud

Le titre pourrait paraître fantaisiste tant il a l’air invraisemblable. Il s’agit pourtant de la triste réalité dans la République islamique d’aujourd’hui. Et ce n’est pas tout, le condamné à mort n’aurait que…20 ans!

Mohammad Amin Valian a été condamné à mort en appel par une cour en Iran, c’est ce que révèlent les site internet d’opposition Nedayeh Azadi et Kalame (site officiel de MirHossein Moussavi). Selon Nedayeh Azadi, un des plus importants sites d’opposition, un procureur judiciaire a confirmé hier en appel la condamnation à mort du jeune homme, ce qui signifie qu’il peut être exécuté à n’importe quel moment.

Mohammad Amin Valian, un activiste étudiant, est un membre exécutif de la Société islamique de l’université de Damghan (Nord de l’Iran), et a fait campagne pour l’élection du candidat réformateur et désormais leader de l’opposition MirHossein Moussavi.

Son crime? Il aurait simplement été photographié en train de jeter une pierre durant la journée d’Ashoura, le 27 décembre dernier, ce qui a provoqué son arrestation. En ce jour, l’opposition iranienne, qui est interdite de manifester, a détourné cette cérémonie religieuse chiite en contestation pacifique du Régime iranien. Mais elle a dû faire face à la féroce répression des forces de l’ordre, police et miliciens bassidjis, qui a fait officiellement huit morts et plus d’un millier d’arrestations.

Or selon le Grand Ayatollah conservateur Makarem Shirazi, ceux qui ont “profané” cette cérémonie doivent être considérés comme des “Mohareb”, c’est à dire des “ennemis de Dieu”, une accusation passible de la peine de mort selon la Charia. Le site Nedayeh Azadi explique d’ailleurs que la court qui a jugé Mohammad Amin Valian s’est référée au discours du Grand Ayatollah pour condamner le jeune homme.

Pourtant, Abdolfattah Soltani, avocat des droits de l’homme à Téhéran, a déclaré à la Campagne internationale pour les droits de l’homme en Iran , que selon la Charia, la condition essentielle pour appliquer à quelqu’un la charge de “Moharebeh”(ennemi de Dieu), est la certitude que cette personne est engagée dans une activité armée, ce qui est loin d’être le cas ici.

Neuf manifestants, dont cinq arrêtés lors de cette journée d’Ashoura, ont été accusés d’être des “mohareb” et attendent toujours leur appel dans le couloir de la mort. Mais le jeune Mohammad Amin Valian est le premier condamné à la peine capitale rendu publique en lien direct avec ses activités durant la journée d’Ashoura, c’est à dire sans que le Régime iranien l’accuse de relations avec des organisations “hypocrites” et “terroristes” souhaitant renverser le régime iranien (royalistes ou proche des Moudjahiddines du peuple). Deux manifestants de 20 et 37 ans, accusés par le Régime iranien de liens avec ces organisations, sans que ceux-ci aient toutefois pu être prouvés, ont été pendus fin janvier.

Les charges requises contre lui incluent “l’action contre la sécurité nationale”, “la propagation contre le Système islamique”, et “l’insulte contre des personnalités proéminentes de la République islamique”.

Selon Nedayeh Azadi, Valian a expliqué durant son procès que les pierres, qu’il a lancées en trois endroits différents, n’avaient blessé personne. Il a aussi admis avoir scandé durant la manifestation “Mort au dictateur”, un slogan largement répété depuis juin dernier par les manifestants s’opposant à la réélection de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence du pays. Après son procès, il a été directement conduit d’une cellule individuelle où il séjournait jusque-là, à un centre de détention des Gardiens de la Révolution, où il demeure toujours.

Le site d’opposition Nedaye Azadi, basé à l’étranger, ajoute que le condamné vient pourtant d’une famille très pieuse et pro-révolutionnaire de la ville de Damghan, province de Semnan. “Ses activités ont toujours été jusqu’ici dans le cadre de la loi” islamique, ajoute le site.

Que pouvons-nous faire?

Le site Nedayeh Azadi donne quatre consignes pour sauver la vie de Mohammad Amin Valian :

1) Changer temporairement votre photo de profil sur les réseaux sociaux tels que Facebook et Twitter, dans le but de faire connaître à un maximum de personnes le triste sort de Mohammad Amin Valian.

2) Si vous possédez un blog, un site internet ou alors d’autres moyens pour transmettre l’info sur la condamnation à mort du jeune homme, nous vous pressons de la partager le plus rapidement possible. N’oubliez pas, la vie d’un être humain est en jeu.
3) Nous souhaiterions que vous demandiez à toute personne, organisation ou personnalité qui a accès au Grand Ayatollah Makarem Shirazi, de l’informer sur cette condamnation à mort pour qu’il sache de quelle manière son discours est en train d’être galvaudé par les autorités judiciaires, afin de le pousser à intervenir en la faveur du jeune homme. Voici son site internet .

4) D’autre part, si vous êtes en moyen de contacter tout officiel ou représentant de la République islamique ou du système judiciaire iranien, nous souhaiterions que vous fassiez votre maximum pour vous faire l’écho de l’anxiété et de la voix de la famille Valian qui peut perdre à tout moment son être cher par la décision d’un système judiciaire corrompu et qui ne fonctionne pas.

Ce lien vous permet d’écrire aux ambassades iraniennes ainsi qu’aux missions diplomatiques dans le monde entier, et de plaider le cas de Mohammad Amin Valian.

C’est maintenant à notre tour de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour sauver la vie d’un jeune étudiant condamné pour avoir jeté une pierre.