samedi 3 avril 2010

Climat de défiance entre gouvernement et écologistes


Le torchon brûle entre les associations écologistes et le gouvernement. L'annonce, lundi 29 mars, du retrait de la Fondation Nicolas Hulot (FNH) du processus de suivi du Grenelle de l'environnement a mis en évidence une fracture qui se dessinait déjà depuis plusieurs semaines. Après la confirmation de la création d'un terminal charbonnier à Cherbourg et les déclarations provocantes de Nicolas Sarkozy au Salon de l'agriculture laissant entendre que "l'environnement, ça commence à bien faire", le report sine die de la taxe carbone au lendemain du second tour des élections régionales, a fini d'installer la défiance. Avec Nicolas Hulot, c'est le symbole du consensus du Grenelle qui se dérobe.

"Le discours dominant redevient celui d'il y a plusieurs années : la réponse aux défis écologiques est de nouveau systématiquement opposée à la compétitivité économique et à la protection des emplois (...)", écrit Cécile Ostria, la directrice générale de la FNH, dans une lettre ouverte aux 750 000 signataires du pacte écologique, diffusée lundi. "Nous avons beaucoup réfléchi, explique Mme Ostria. Ce geste n'est pas dans la culture de la FNH, mais nous sommes très inquiets. Nous voulons que les questions environnementales reviennent en haut de l'agenda."

Le pacte écologique avait été approuvé par dix candidats à l'élection présidentielle de 2007, dont Nicolas Sarkozy, et avait par la suite largement inspiré les décisions du Grenelle de l'environnement, en particulier sur la taxe carbone. Pour la FNH, son instauration était la condition indispensable au succès du processus. Nicolas Hulot avait bataillé, dans les dernières heures de la négociation d'octobre 2007, pour obtenir la création d'une commission de réflexion sur le sujet.

Les anciens membres de l'Alliance pour la planète, structure aujourd'hui en sommeil, n'ont pas tardé à réagir : Greenpeace penche ainsi du côté de la rupture. "Face à un Grenelle moribond, il convient maintenant de s'opposer au gouvernement sur le terrain", affirme Pascal Husting, le directeur de Greenpeace France. "Je ne crois pas à un dialogue avec un gouvernement qui montre par ses actes qu'il a complètement changé de cap", poursuit-il. Le WWF (Fonds mondial pour la nature) réclame, de son côté, la tenue en urgence d'une réunion à l'Elysée pour obtenir l'assurance que les engagements du Grenelle de l'environnement seront bien tenus, alors que la loi Grenelle 2 doit être examinée à l'Assemblée nationale à partir du 6 mai. "Soit le Grenelle traduit une vraie volonté, soit c'est un alibi, mais il faut que les choses soient dites", avertit Serge Orru, directeur général de WWF. Sébastien Genest, l'ancien président de France nature environnement (FNE), veut encore y croire, et réclame la reprise du "dialogue environnemental". FNE n'envisage pas d'imiter la FNH à ce stade. "Je comprends leur déception, mais le Grenelle ne s'est pas limité à la taxe carbone, il y a beaucoup d'autres mesures", explique-t-il.

Si elles sont solidaires du coup de gueule de Nicolas Hulot, dont elles espèrent un "électrochoc", les autres associations comprennent mal néanmoins d'avoir été mises devant le fait accompli. Elles redoutent d'éventuels effets pervers de la décision. "Ce n'est pas dans un moment de crise qu'il faut remettre en cause le processus, c'est contre-productif", affirme M. Genest. "Il n'y a pas de plan B, dit un autre acteur du Grenelle. Doit-on laisser le Medef et la FNSEA seuls dans les réunions, au moment où la pression de ces lobbies est plus forte que jamais ?"

Le départ de Nicolas Hulot est un coup dur pour le ministre de l'écologie, Jean-Louis Borloo. Depuis 2007, les écologistes ont été ses plus solides alliés pour imposer le Grenelle aux milieux économiques et à une grande partie de la majorité. "La mutation écologique est une nécessité vitale, (...) qui exige la mobilisation de tous. C'est un combat continu qui rencontre nécessairement un certain nombre de difficultés, tempête-t-il dans un communiqué diffusé lundi soir. Je souhaite que nous puissions établir lors d'un prochain comité de suivi du Grenelle environnement, une nouvelle analyse objective et partagée des avancées, des points de difficultés, voire des nouvelles impulsions à donner au processus."

L'examen de la loi Grenelle 2 à l'Assemblée nationale sera une épreuve de vérité. Cette loi, conçue comme la "boîte à outils" du Grenelle doit traduire dans les faits une partie des engagements d'octobre 2007. Les énergies renouvelables, la responsabilité environnementale des entreprises, la trame verte et bleue, l'agriculture seront parmi les principaux sujets tests du débat. La "territorialisation" du Grenelle est aussi cruciale. Les tensions s'accumulent en région autour de projets d'infrastructures jugés contraires au Grenelle par les écologistes.

Mais Jean-Louis Borloo et sa secrétaire d'Etat à l'écologie Chantal Jouanno abordent le débat à l'Assemblée nationale en mauvaise posture. "Nous, élus de la majorité favorables à l'écologie, sentons que le rapport de force ne nous est pas favorable à droite, affirme Bertrand Pancher, (UMP, Meuse), l'un des corapporteurs du texte. Il va falloir nous unir pour nous faire entendre."

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