samedi 3 avril 2010
L'Afrique se divise sur la protection de ses éléphants
Deux blocs se sont affrontés, lundi 22 mars, lors de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvage menacées d'extinction (Cites), réunie à Doha, au Qatar. La Tanzanie et la Zambie, soutenues par les pays d'Afrique australe, sollicitaient un assouplissement de l'interdiction du commerce international de l'ivoire instaurée en 1989, et l'autorisation de vendre leurs stocks d'ivoire prélevé sur les animaux morts naturellement depuis cette date. Une coalition de vingt-trois autres pays africains, emmenée par le Kenya et alliée aux Etats-Unis et à l'Union européenne, leur a fait obstacle.
La crainte de voir ces ventes provoquer un appel d'air favorable au braconnage l'a emporté, au grand soulagement des associations de protection de la faune sauvage. "Autoriser des ventes maintenant enverrait un signal favorable au commerce illicite", a affirmé Noah Wekesa, le ministre kényan de la forêt et de la faune. Plusieurs ventes contrôlées ont été autorisées depuis 1997. Même si leur impact sur le commerce illicite ne peut, à ce stade, être établi, reste que le braconnage est en pleine explosion. "Les saisies sont de plus en plus importantes, le crime organisé s'est emparé du trafic d'ivoire", relève Tom Milliken, de l'organisation non gouvernementale Traffic.
Réclamant le droit d'utiliser leurs ressources naturelles, la Zambie et la Tanzanie ont mis en avant leurs efforts en faveur des éléphants. Le produit des ventes - respectivement 90 et 21 tonnes -, effectuées en une seule fois à des acheteurs identifiés (la Chine et le Japon), aurait été investi dans des mesures de protection de l'espèce. La Tanzanie espérait en tirer 20 millions de dollars (15 millions d'euros), soit l'équivalent de quatre ans de budget consacré à la protection de l'animal.
"Assis sur un trésor"
Les pays d'Afrique australe sont ceux où les éléphants sont les plus nombreux (plus de 400 000, + 3 % par an) et où la réglementation sur le commerce est, relativement à d'autres pays africains, la mieux appliquée, selon le secrétariat de la Cites. "Nous sommes assis sur un trésor, et on ne nous autorise pas à l'utiliser, a plaidé Ladislaus Komba, le représentant de la Tanzanie. Ce rejet pourrait entraîner une recrudescence du braconnage, en renforçant l'hostilité des populations envers les éléphants."
Les pays d'Afrique centrale et occidentale, opposés à tout assouplissement, ont des populations beaucoup plus faibles (40 000 individus) et, à l'exception du Kenya, une politique plus laxiste, selon la Cites. "On aimerait voir ces Etats appliquer dans leur pays le discours qu'ils tiennent ici", confirme M. Milliken. La Tanzanie et la Zambie pourraient tenter de rouvrir les débats lors de la séance plénière de la Cites, mercredi et jeudi.
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