samedi 3 avril 2010

Sur l'île de Ré, Loix reprend ses esprits après le passage de Xynthia


Envoyé spécial Loix, île de Ré

Loix est un village auquel on accède par une route bordée de marais asséchés au Moyen Age. Lorsque la tempête Xynthia a frappé le village, situé sur l'île de Ré, Loix est redevenue, pendant deux jours, une île. Trois heures après la submersion, "les premiers pompiers arrivaient dans leur Zodiac" raconte le maire divers-droite Lionel Quillet qui a la mine d'un homme qui n'a dormi que quelques heures lors des cinq dernières nuits.

"L'eau a été polie, plaisante son adjoint, Patrick Boussaton, elle s'est arrêtée au panneau Loix" et n'est pas allée jusqu'au cœur du village qui compte entre 700 et 800 habitants. La preuve, pour un promeneur à bicyclette croisé sur la route, que les "anciens n'avaient pas tout à fait tort" en concentrant leurs logements dans le centre du village, au plus loin des eaux, certes domestiquées, mais que l'on sait dangereuses. L'homme sourit presque en photographiant un voilier éventré gisant sur ce qui fut une piste cyclable. "On a oublié que la mer, les fleuves et les montagnes restaient dangereuses", déplore-t-il. Une rengaine entendue bien des fois sur l'île de Ré.

"DE MÉMOIRE D'HOMME, ON NE CONNAISSAIT PAS ÇA"

A Loix, personne n'a péri sous les eaux, même si le maire et son adjoint avouent qu'il s'en est fallu de peu. Passés le "choc terrible et la stupéfaction", les îliens ont "chaussé leur bottes" et sont partis faire le tour des maisons. Celles qui ont été inondées se trouvaient dans une "zone submersible, mais constructible", explique l'adjoint au maire, en précisant immédiatement que "cela n'était jamais arrivé" auparavant. "De mémoire d'homme, on ne connaissait pas ça", confirme M. Quillet.

Sur l'île de Ré, l'urbanisme n'a pas connu les excès de la côte vendéenne. La majorité des terrains de l'île ont été classés en zone protégée, une disposition qui a mis les maires par la même occasion à l'abri d'une trop grande pression de leurs administrés. "Quand bien même un maire aurait voulu accéder à une telle demande, il n'aurait rien pu faire, seul un arrêté ministériel aurait permis de rendre constructibles ces terrains", explique l'édile. La plupart des nouvelles habitations ont donc été établies dans les limites anciennes, densifiant le centre sans que leurs occupants ne courent le risque de finir les pieds dans l'eau.

Toutes les personnes sinistrées – entre 60 et 80 personnes – ont été accueillies dans les mobil-home du camping municipal. "Dès dimanche après midi, tout le monde était au sec et au chaud", se réjouit M. Quillet qui est également président de la communauté de communes de l'île. Depuis toutes ont été relogées dans des maisons inoccupées l'hiver. De fait, le camping est vide. Devant l'une des maisons encore submergées, une dame regarde les pompiers à l'œuvre. C'est sa maison qui est inondée. Elle vit désormais chez des amis qui vivent à l'année sur le continent. Elle n'en dira pas plus, mécontente de son passage à la télévision deux jours plus tôt.

"ON A CRU QUE LOIX N'EXISTAIT PLUS"

Cinq jours après la tempête, règne une ambiance étrange, mélange d'animation et de torpeur, dans cette commune que l'on imagine hyperactive en saison. Nombreux sont les estivants qui sont venus constater les dégâts par eux-mêmes. Croisés en bordure d'un champ d'oliviers – "du folklore ou un pari sur le réchauffement climatique" pour un agriculteur réthais –, un couple de Franciliens photographie l'eau qui arrive à mi-hauteur du tronc noueux des pauvres arbres. Ils sont soulagés, l'eau s'est arrêtée au muret qui jouxte leur maison. Au café, même constat pour un couple d'Anglais qui se réjouissent que leur villa n'ait rien. "En écoutant les informations anglaises, on a cru que Loix n'existait plus", note Monsieur dans un français impeccable.

Le village est traversé en permanence par des camions-bennes transportant pierres, sable ou gravats. Sur ce qu'il reste des digues, les engins s'affairent à colmater les brèches ou à reconstruire ce que la mer a balayé en une nuit. Derrière l'une d'elles, un homme venu de Toulouse constate les dégâts sur son matériel qu'il loue à une ferme d'aquaculture. La ferme est dévastée. Les hangars ont été déchiquetés, un tracteur est immergé aux trois quarts et une citerne d'oxygène destinée aux milliers de jeunes poissons, désormais morts, gît à cinq cents mètres de là où elle était arrimée.

A l'heure du déjeuner, le café du village est bondé. "Le repos des braves", rigole un des pompiers attablés avec une vingtaine de ses compagnons. L'ambiance est joviale même si la tempête est sur toutes les lèvres. Un habitué plaisante avec le patron et le félicite pour ses "affaires qui marchent bien pour un mois de mars". Cela ne le fait pas rire. Il sait qu'il a "perdu bien plus qu'il n'a gagné".

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