vendredi 2 avril 2010
Les applications pour l'iPad, une ruée vers l'or à retardement
Il en va de l'iPad comme des consoles de jeux : le succès d'une plate-forme dépend en bonne partie du catalogue de logiciels disponibles. C'est aussi sur son catalogue – 140 000 logiciels revendiqués – que l'iPhone a bâti sa popularité, et tant le nombre que la qualité des applications disponibles au lancement sont un enjeu crucial. Apple compte contourner cette difficulté en s'appuyant sur la logithèque existant déjà pour son téléphone : la quasi-totalité des applications iPhone fonctionneront sur l'iPad, dans une version "zoomée" pour s'adapter à la taille de l'écran de la tablette.
Pour les développeurs d'applications, la sortie de l'iPad représente toutefois un nouveau marché, même s'il reste encore incertain. La tablette se vendra-t-elle bien ? Les acheteurs seront-ils prêts à acheter des applications, et si oui, de quel type ? Les clients seront-ils intéressés par des jeux, des utilitaires ? Autant de questions qui font que les développeurs jouent pour l'instant la carte de la prudence, d'autant plus que la vaste majorité d'entre eux n'ont pas encore pu tester la tablette d'Apple. Double conséquence : les programmeurs préfèrent attendre avant de se lancer dans de coûteux développements pour la nouvelle plate-forme, et ceux qui s'attaquent à ce nouveau marché prévoient de vendre leurs applications sensiblement plus cher que leurs équivalents destinées à l'iPhone.
PRIX EN HAUSSE
Contrairement à l'iPhone, pour lequel le prix des applications tend à se stabiliser autour de 0,79 euro, il n'existe pas encore de prix "standard" pour les applications iPad. Plusieurs développeurs interrogés par la BBC, qui vendent des jeux à 0,79 euro sur l'iPhone, prévoient de lancer des versions spécialement adaptées à l'iPad au double, voire au triple du prix. Une inflation qu'ils justifient par deux raisons : d'une part, il n'est pas sûr que le marché des applications iPad se développe rapidement et qu'ils puissent vendre de grandes quantités d'applications ; d'autre part, ils estiment que les premiers clients seront prêts à payer plus cher pour avoir des logiciels spécialement adaptés.
Une autre raison explique les réticences des développeurs à préparer des versions iPad de leurs programmes pour le lancement de la tablette. Apple a en effet distribué au compte-goutte les exemplaires de test de sa machine, avec des conditions d'utilisation draconiennes. La plupart des studios n'ont donc pas eu accès à la machine, et ne peuvent préparer leurs logiciels que sur un programme qui en simule le fonctionnement. Or, entre la simulation et la réalité, la différence peut être importante : le site Boing boing explique ainsi avoir modifié son application, dont certaines fonctionnalités tournaient au ralenti sur la tablette alors qu'elles fonctionnaient normalement dans la simulation.
CONTRAINTES DE DISTRIBUTION
Au-delà des contraintes de développement, il existe également d'importantes contraintes de distribution, qui incitent les programmeurs à prendre le moins de risques possibles. Comme c'est déjà le cas pour l'iPhone, toutes les applications pour l'iPad devront être approuvées par Apple, dont l'App Store est le seul canal de distribution possible. Apple, qui prend une commission de 30 % sur chaque vente, se réserve le droit de ne pas publier une application, ou de la retirer de son catalogue. Le processus de validation peut prendre plusieurs mois, et le contrat de distribution prévoit que les développeurs ne peuvent réclamer une somme supérieur à 50 dollars à Apple en cas de problème.
Ces derniers mois, de nombreux développeurs se sont montrés très critiques envers le processus de validation de l'App Store, dont le fonctionnement reste très opaque. Les applications peuvent se voir rejeter pour deux raisons principales : les "problèmes techniques", et le fait de proposer un contenu qui n'est pas "familial". Des journaux allemands à grand tirage en ont fait les frais : une application du Bild, qui permettait de déshabiller une playmate, a ainsi été retirée du catalogue par Apple, et n'a été réintégrée qu'après que le Bild se soit engagé à ne plus présenter de modèles nus. "Aujourd'hui, Apple censure les seins, demain ce sera le contenu éditorial", s'était émue L'Association des éditeurs allemands.
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