mercredi 17 mars 2010

Congé de loyer !



Les coopératives de santé jouent de leur charme pour attirer les médecins de famille dans leur localité. Avec succès! Mais le ministre de la Santé les a à l’œil.

Comment attirer un médecin pour qu'il s'installe dans notre patelin ? Si l'on se fie au film La grande séduction, il suffit de quelques matchs de cricket improvisés, d'une sympathique partie de pêche au poisson congelé et d'une jolie célibataire. Dans la réalité, toutefois, les opérations de charme sont plus prosaïques. Et les attraits d'un endroit se mesurent souvent en argent sonnant.

Les résidants de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson l'ont compris. Le 14 septembre, ce village des Laurentides a inauguré une toute nouvelle coopérative de santé, dans laquelle deux médecins de famille de la région ont déménagé leurs pénates. Ces derniers profitent d'un immeuble flambant neuf et de bureaux tout équipés, de la collaboration d'une secrétaire médicale, d'un employé d'entre­tien ménager et de services d'admi­nistration. Tout cela gratuitement. Gracieuseté des résidants devenus membres de la coopérative et de partenaires (les municipalités de Sainte-Marguerite et d'Estérel, le Centre local de développement des Pays-d'en-Haut, le fonds du Pacte rural de la MRC, la caisse populaire et des donateurs privés).

D'autres professionnels de la santé - massothérapeute, ostéopathe, nutritionniste, psychologue, orthésiste, kinésiologue et pharmacien - aident à payer les frais, puisqu'ils n'ont pas, eux, congé de loyer.

Le nombre de coopératives de santé a explosé au cours des trois dernières années au Québec. On en compte actuellement 25 en service et une quinzaine en phase de démarrage. Chacune recrute des membres (800 à ce jour à Sainte-Marguerite), qui achètent une part sociale (de 25 à 100 dollars selon les coopératives). La plupart des coops demandent ensuite à leurs membres de verser une cotisation annuelle (souvent de 50 à 100 dollars). En échange, les cotisants profitent de certains « privilèges ».

À Sainte-Marguerite, par exemple, les membres peuvent voir un médecin, sur rendez-vous, de 9 h à 17 h. « Les non-membres doivent se présenter à 8 h 30 sans rendez-vous, explique Lysiane Monette, présidente de la coopérative. Le médecin peut les voir s'il a assez de temps. »

On s'aventure ici sur un terrain délicat. Car si le ministère de la Santé encourage les gens à se prendre en main pour assurer le maintien des services de santé dans leur région, il interdit formellement aux médecins de favoriser un patient plutôt qu'un autre. « C'est le principe même du système universel », rappelle Karine White, porte-parole du Ministère.

Même la Fédération des médecins omni­praticiens du Québec, pourtant loin de s'oppo­ser aux avantages financiers consentis à ses membres, exprime des réserves. « Ça crée des inégalités entre les médecins », dit le président, le Dr Louis Godin. Et ça ne règle pas le problème de pénurie. Un médecin qu'on attire dans une coop, c'est un médecin de moins en cabinet.

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