mercredi 17 mars 2010

Le blogue de Valérie Borde


Les gens qui sont persuadés que le piratage de documents du Climate Research Unit (CRU) révèle une gigantesque supercherie au sujet du réchauffement climatique me font penser aux occupants d’un navire en train de chavirer, prêts à se raccrocher au moindre bout de bois pour ne pas se noyer. Un Climategate? Plutôt une vaguelette!

Leur propension à généraliser à partir d’une histoire anecdotique et à émettre des commentaires dénigrants à propos des «chercheurs véreux», «réchauffistes», «environnementeurs» et autres «journalistes vendus» serait presque risible si elle n’avait aucun impact politique.

Dans le palmarès des interprétations les plus honteusement partisanes et simplistes entendues au Québec à propos de cette histoire, je donne la palme à Mme Nathalie Elgrably-Lévy, économiste senior à l’Institut économique de Montréal, qui annonce que la bulle verte a éclaté. Rien de moins!

Pourrait-on faire preuve d’un peu de nuance ?

Le GIEC compte des milliers de chercheurs sur toute la planète, et ceux du CRU n’y jouent pas un rôle particulièrement prédominant. Par ailleurs, les chercheurs n’ont pas attendus que le GIEC soit créé pour annoncer les changements climatiques. Le premier à avoir calculé que la Terre se réchaufferait sous l’impact du gaz carbonique est le prix Nobel Svante Arrhenius… en 1896 !
C’est vrai, il y a encore toutes sortes de gens qui doutent au sujet des changements climatiques. Mais ils sont de moins en moins nombreux à contester des prédictions de plus en plus étayées. L’immense majorité des scientifiques qui se sont sérieusement penchés sur la question sont d’accord sur une chose : il y a urgence à diminuer drastiquement nos émissions de GES.

Par sérieusement, j’entends que ces scientifiques n’ont pas fait que prononcer des conférences ou écrire des livres à ce sujet, mais qu’ils ont publié dans des revues savantes reconnues des études portant sur les changements climatiques et dont la méthodologie et les conclusions ont été reconnues comme valides. Et qu’ils n’ont pas accepté d’argent des compagnies pétrolières.

Cela peut paraître évident, mais mérite d’être rappelé dans le contexte actuel: le fait qu’un scientifique soit bardé de diplômes et à l’emploi d’une université prestigieuse ne garantit aucunement qu’il est un spécialiste sérieux des changements climatiques.

Le chercheur français Vincent Courtillot, directeur de l’Institut français de physique du globe et ami de l’ex-ministre controversé Claude Allègre, en est un bon exemple. Non seulement ce chercheur de renom (sur le magnétisme terrestre) a publié des articles très mauvais au sujet du climat, mais il a fait face à des accusations en conflit d’intérêt en rapport avec certains de ses publications. Voyez ce qu’on dit ici à son propos.

Le climatologue Richard Lindzen, du MIT, fait partie des rares voix discordantes crédibles à propos des changements climatiques. Ses arguments méritent selon moi d’être entendus. Cet ancien membre du GIEC, qui en a démissionné après le 3ème rapport, ne nie pas le réchauffement (contrairement à ce qu’écrit Mme Nathalie Elgrably-Lévy, il fait bien partie des «réchauffistes»). Il conteste cependant certains des modèles en vigueur pour prédire les tendances climatiques et dénonce leur récupération politique. Aucune de ses études ne prouve pour l’instant qu’il a raison.

Des voies aussi comme celle de Mike Hulmes, également chercheur à la University of East Anglia, ou celle du chroniqueur du New York Times John Tierney, s’élèvent pour dénoncer la simplification des conclusions scientifiques à des fins politiques.

Devant l’urgence d’agir , les chercheurs auraient tendance à ne pas mettre assez l’emphase sur les limites de leurs études pour que leur message passe. C’est certainement vrai. Mais si on les avait écouté plus tôt et plus souvent à propos des changements climatiques, ils n’auraient peut-être pas à crier aussi fort!

ceci dit, tout cela n’a que peu de lien avec les prétendues révélations des pirates.

En tout et pour tout, deux points dans les courriels dérobés ont retenu l’attention: le fait que le chercheur Phil Jones ait utilisé le mot «trick» (astuce) pour expliquer pourquoi il n’avait pas pris en considération certaines données dans un modèle, et le fait qu’il ait refusé de divulguer des données météorologiques sur lesquelles il s’était appuyé.

L’«astuce» a été expliquée et est justifiée du point de vue scientifique. Je vous passe les détails, ils sont ici.

Quant aux données météos, il n’avait tout simplement pas le droit de les diffuser, car elles ne lui appartenaient pas. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les grandes organisations météorologiques sont seulement tenues de diffuser gratuitement les données météo de base permettant à la communauté internationale des météorologues de prévoir le temps qu’il fera. Mais elles ont le droit de garder privées d’autres données, de les facturer aux chercheurs et d’en limiter l’usage.

Aucune instance scientifique n’a réclamé d’enquête sur Phil Jones et son équipe, à l’exception de la University of East Anglia, qui va demander à des experts indépendants de faire toute la lumière sur cette histoire. L’université espère en outre que cela l’aidera à trouver une solution pour que ses chercheurs ne soient plus complètement débordés par la gestion des innombrables demandes d’accès à l’information qui leur parviennent.

Quant à Phil Jones, il a annoncé hier qu’il quittait temporairement ses fonctions de directeur du CRU, le temps de cette enquête.

1 commentaire:

  1. Mme Borde vous ne faites pas preuve d'objectivité scientifique lorsque vous dites qu'on doit enlever la tribune à un homme qui dit le contraire de ce que vous pensez. Ou vos diplômes en science ont été acquis sans éclat ou vous n'avez absolument rien compris à la démarche scientifique qui EXIGE la dissidence et le libre arbitre. Je vous ai entendu aujourd'hui au FM 98.5 et vous aviez l'air d'une femme qui perdait les pédales pas d'une scientifique en contrôle de son sujet. Pffff!
    p.s La théorie du réchauffement planétaire est une THÉORIE.

    RépondreSupprimer

 
Website Monitoring by InternetSeer hotel pas cher Votez pour ce site sur l'annuaire Tixido Annuaire des blogs, Net-CUP Annuaire blog: Rechercher et soumettre son blog gratuitement dans notre annuaire Paperblog : Les meilleurs actualités issues des blogs Annuaire blog